Interview franchise Ucar
Interview de Jean-Claude Puerto , dirigeant fondateur d’Ucar
Jean-Claude Puerto - le
Yves Sassi : Jean-Claude Puerto, vous êtes un patron d’entreprise qui depuis les années 90 a pas mal remué le monde de la location automobile. Vous êtes médiatique, militant à vos heures, entouré d’une équipe qui vous est fidèle. Dites-nous… un peu, qui vous êtes.
Jean-Claude Puerto : Je suis originaire du Lot et Garonne, j’y ai vécu jusqu’à 14 ans. Nous avons ensuite habité à Arcachon où j’ai passé le bac. Mon père tenait une quincaillerie, qu’il avait achetée. J’ai un peu travaillé avec lui, mais j’avais l’impression que ce n’était pas un choix, qu’il subissait plus qu’il ne décidait.
Ce n’est évidemment pas un mode de vie que je voulais suivre.
J’ai suivi mon droit, puis une école de commerce et mes diplômes en poche, j’ai créé un cabinet de conseil en implantation de super et hyper marchés. Une activité très spécialisée. J’avoue que c’était assez osé de se lancer dans le conseil, juste après l’école ! La boite marchait, je travaillais comme un fou et je gagnais bien ma vie. C’était au début des années 80.
J’avais 25 ans et je sentais que c’était un âge où je pouvais encore apprendre des autres et des situations. J’avais le sentiment d’avoir besoin d’un mentor qui me ferait progresser.
J’ai vendu mon entreprise pour devenir contrôleur de gestion et directeur administratif et financier dans une filiale du groupe Beghin Say.
J’ai participé à un projet de rénovation d’usine. Cela m’a permis de découvrir le monde industriel que je ne connaissais pas. Ce fut une période très enrichissante, très dure aussi, car c’est un monde très syndiqué - j’ai d’ailleurs moi-même été séquestré - mais j’y ai trouvé un vrai mentor qui m’a appris l’organisation.
C’est ce qu’il faudrait pour les jeunes. Chacun doit trouver quelqu’un qui « l’entraine » pendant les premières. L’école, l’université ne suffisent pas. L’expérience d’un mentor est également importante. J’ai eu cette chance.
En 1986, je suis parti aux Etats-Unis faire un MBA, et ce fut une nouvelle chance de recommencer des études à 30 ans, j’ai pu réfléchir à ce à quoi j’aspirais. En France, on débute souvent en faisant un stage, pourquoi d’ailleurs celui-ci plutôt qu’un autre, c’est souvent le hasard, mais ensuite il est très difficile de bifurquer. Il y a en France un déterminisme du passé extrêmement difficile à évacuer, un jeune est recruté dans une entreprise non pour ce qu’il fera mais pour ce qu’il a fait hier ! Et pourtant on change dans la vie et il est important d’avoir cette possibilité de « battre à nouveau les cartes ». Avoir cette opportunité a été formidable pour moi. Je suis sorti de cette formation avec réellement la foi pour « l’entrepreneurialité ».
Aux Etats-Unis le créateur d’entreprise est un héros, je suis revenu plein d’enthousiasme et j’ai cherché une affaire à reprendre. Le hasard a voulu que je tombe sur un « capital risque » qui voulait investir dans ADA et qui a trouvé que je correspondais au profil, j’ai rencontré Jean Claude Vigouroux, et nous nous sommes associés. A l’époque rien ne m’obligeait à reprendre cette entreprise qui allait déposer le bilan mais cela me plaisait et n’ayant pas d’argent, je savais bien que pour réussir il allait bien falloir prendre des risques à un moment ou à un autre. J’avais 30 ans et j’ai foncé !
Quels atouts aviez vous en main ? Pourquoi pensiez-vous que vous réussiriez mieux ?
Je ne me suis pas dit cela, j’ai seulement fait un constat de base : aux Etats-Unis, les particuliers louent des voitures, en France ils ne le font pas. N’y-a t-il pas de demande ou pas d’offre ? En l’occurrence pas d’offre. Vigouroux avait le même point de vue que moi, il suffisait donc de se mettre au travail. Nous n’avions pas d’argent, mais pour rendre ce genre de services il fallait un réseau, et donc se développer en franchise. Nous promettions aux franchisés qui venaient nous rejoindre de leur apporter toute une palette de service… mais évidemment, à l’époque, nous n’avions pas grand-chose en magasin. Il fallait inventer, créer au fur et à mesure. Nous avions une foi inébranlable !
Je suis convaincu que la création n’est possible que de cette manière, imposer sa vision à des gens et les y faire adhérer pour les convaincre qu’on les accompagne vers la victoire, c’est de la comédie humaine, presque du théâtre mais c’est la seule solution, la clé de la réussite. Et c’est dans ces moments-là qu’on découvre des gens remarquables, prêts à s’investir dans un projet car cela correspond sans doute à un moment de leur vie.
ADA a donc duré 10 ans, de 1987 à 1997, le « tarif syndical » en fait je pense pour vraiment mener à bien un projet. UCAR a été créé également il y a environ 10 ans et nous ne sommes pas encore au bout du projet.
Justement, les soucis du Chef d’Entreprise restent-il comme des souvenirs d’années de « galère » ou d’années de combat ayant finalement mené à la réussite ?
Il y a deux hypothèses en considérant le passé : victoire ou défaite ? Si on a gagné, on embellit tout, si on a perdu… Mais quels sont les critères de la réussite, seulement l’argent ? C’est une phrase de Bernard Tapie, mais qui est importante. La réussite est affaire de critères personnels. Avec ADA, je recherchais la victoire et la ligne d’arrivée, j’étais prêt à un certain nombre de compromis. Aujourd’hui, c’est le combat qui est dominant, et ce sont les hommes avec lesquels on va construire quelque chose qui ont de l’importance. C’est un levier considérable pour réussir que d’avoir cette vision là du combat. L’envie et l’enthousiasme reste la clé de la réussite de l’entrepreneur ! Même lorsque c’est très dur et qu’on doute, il faut à tout prix préserver cette envie. Il faut un mental à toute épreuve, mais le pire pour un individu étant de ne jamais changer ni évoluer, il a tout à gagner à entreprendre sans cesse, à se découvrir lui-même tout au long de cette évolution.
Avez-vous réussi à partager votre vie d’entrepreneur et votre vie personnelle ?
Je crois que les deux forment un tout. La vie familiale est sans doute plus compliquée avec un entrepreneur. Il y a évidemment des périodes difficiles pendant lesquelles on est moins disponible.
Etre entrepreneur est trop difficile en France. Il n’y a pas cette culture entrepreneuriale, ce qui fait que la part de chance est trop importante. Il faut avoir l’intelligence de son métier, l’engagement, mais également tellement de chance ! La collectivité veut pouvoir compter sur l’entreprise mais il faut que l’Etat fasse en sorte que l’entreprise puisse s’appuyer sur autre chose que la chance pour réussir !
Que devrait donc faire l’état pour aider l’entreprise ?
Mettre l’entrepreneur au cœur de la société car celle-ci en a absolument besoin. Ce n’est pas du militantisme politique mais de la raison pure et simple. Si je me réfère à ce que nous-mêmes avons fait pour la collectivité en termes d’emplois, de collecte d’impôts, il me semble que c’est une priorité absolue que de permettre aux entrepreneurs de continuer ! Est-ce qu’on peut aujourd’hui en France conseiller à ses enfants de faire ce job, n’est-ce pas trop risqué ? Il me semble que c’est vraiment une question à laquelle il est difficile de répondre aujourd’hui. Je suis comme de nombreux entrepreneurs, j’attends de voir les propositions du gouvernement, dans quelques mois. J’aimerais que la collectivité envoie des signes forts et réels à l’entrepreneur. Pas d’argent, mais une certaine reconnaissance sociale, un signe qui « honore » ceux qui ont su créer des entreprises et les développer afin que justement cette collectivité considère les patrons non comme des nantis (c’est une autre époque) mais comme des « outils » qui lui sont indispensables. Les patrons, comme autrefois les militaires à qui on remettait des médailles, ont besoin d’être psychologiquement soutenus.
Tel le Général de Gaulle appelant
En parlant toujours d’avenir je pense que l’entreprise, et l’entrepreneur, ont un rôle majeur à jouer dans les changements. L’entreprise a une faculté d’adaptation dans la société qui est formidable. En dehors des grandes entreprises qui ont un rôle à jouer, je pense surtout au vrai créateur qui, lui, formidablement adaptable, crée le changement par la nouveauté. Des gens comme Leclerc ou Maillot (Fondateur de nouvelles Frontières – NDLR) ont fait certainement plus pour la société que les politiques et il est dommage, je pense, de ne pas donner plus de chance à la collectivité de s’adapter aux nouvelles opportunités. Je prétends que l’entreprise est un moyen d’adapter la société, et cela tant en termes de consommation que d’emplois. Quand je propose des voitures à 7,50 € pour aller travailler un jour de grève, ce n’est pas du militantisme ou une simple opération marketing, c’est le moyen d’aider les gens, de leur faciliter le quotidien. Sur le terrain, c’est un emploi réel pour ceux qui proposeront cette offre, et pour la société, c’est une offre constructive qu’on façonne. Il faut à mon sens à tout prix des entrepreneurs pour créer de nouvelles entreprises, et même s’il n’y a pas d’opportunités et que tout est verrouillé il faut ces entrepreneurs pour faire bouger la société.
Considérez-vous vos franchisés, les candidats à la franchise en général, comme de réels entrepreneurs ?
La franchise est une opportunité pour les entrepreneurs, mais y a t il seulement des entrepreneurs dans le monde de la franchise ? Je me pose encore des questions quant à savoir si la franchise est un atout. Finalement quand on réussit qu’est-ce qui est le plus important ? Son propre travail ou l’enseigne UCAR ? Et bien, je ne sais pas y répondre. Il y a une sorte d’équilibre entre les deux.
Pour reprendre votre question, le franchisé est-il un entrepreneur visionnaire, probablement non, mais l’entrepreneur est-il un visionnaire, pas toujours ! Je pense qu’adopter la vision d’une enseigne laisse à l’entrepreneur la possibilité de s’exprimer. Il y a, on le sait, beaucoup de cas de franchisés devenus des créateurs d’entreprises, car pendant sa mission de développement au service de l’enseigne il développe des capacités d’entrepreneur.
J’ai rencontré un grand nombre d’entrepreneurs, de grands patrons ayant réussi, des franchiseurs, et j’aimerais vous demander, comme à eux, les raisons pour lesquelles vous ne vous lancez pas dans la politique, alors que vous avez tous des idées et même certains, comme justement M.E.Leclerc, un comportement de militant. Ne pourriez-vous pas apporter quelque chose de neuf ?
J’ai le sentiment que les patrons sont respectueux de leur métier. Il est difficile de le faire bien. Ils sont conscients, nous sommes conscients que la politique aussi est un vrai métier ayant ses propres codes. Notre contribution à la collectivité est sans doute plus efficace dans notre manière de bien faire notre métier plutôt que dans la politique. J’ai trop de respect pour la politique et pour ceux qui s’y consacrent pour m’imaginer qu’en arrivant la fleur au fusil je serais capable de faire mieux !
En regardant sur les étagères de votre bureau, on peut y voir cote à cote, Nicolas Baverez, Amélie Nothomb, Tahar Ben Jelloun, des livres d’art, d’histoire…, avez-vous un peu de temps à consacrer à la lecture, la musique ou au sport?
Je lis tout, beaucoup, presque frénétiquement, même si le temps me manque, en particulier Romain Gary pour lequel j’ai un faible. J’ai peu de temps pour la musique. En revanche je fais de la voile depuis fort longtemps, c’est un sport complet qui occupe l’esprit et l’oblige à s’y consacrer entièrement en oubliant l’entreprise pendant quelques heures.
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