YellowKorner présente Yang Bin « Portraits chinois»
Dès la première moitié du XIXème siècle, le portrait photographique se substitue au portrait pictural. S'il mime, pendant longtemps, les poses et les artifices du portrait peint ou sculpté, il finit par s'en affranchir. Puisque la représentation objective du réel est déjà acquise, le portrait photographique se doit d'inventer. Nadar entreprend déjà de dépasser le mimétisme induit par l'utilisation du médium. En révélant la psychologie du modèle, il donne ses lettres de noblesse à ce genre. Peu à peu et jusqu'à aujourd'hui, le portrait photographique invente et affine son propre vocabulaire. Dans ce contexte, l'œuvre de Yang Bin est à contre-pied de la création contemporaine.
L'artiste chinois étudie la peinture classique durant de nombreuses années avant de passer à la pratique photographique. Sa formation d'historien de l'art transparaît dans ses réalisations. Il adapte à son médium les codes de la peinture classique et joue à photographier comme on peint. Yang Bin applique les anciennes règles de composition. S'inspirant de la pose des Empereurs romains, il place ses modèles de profil. Cette posture, qui sera en vogue jusque dans l'Italie du XVème siècle, met l'accent sur la ligne essentielle du visage sans distraire le spectateur par une interprétation psychologique. Le sujet acquière une dignité intemporelle et c'est cette image impénétrable qui sera transmise à ses successeurs. On voit ici que, si le portrait permet l'identification, il cristallise aussi les aspirations du modèle. Toujours en reprenant les codes du portrait traditionnel, Yang Bin représente aussi ses personnages de 3/4. Le visage devient alors plus expressif et la représentation se fait plus personnelle. Le modèle est associé à des attributs qui symbolisent sa fonction ou son statut social. Les photographies de Yang Bin donnent la part belle aux décors. Les rapports entre les différents plans et le personnage construisent l'œuvre. Les fonds sont constitués de plusieurs clichés assemblés et mettent en exergue les effets de perspective. Les paysages artificiels ainsi créés n'ont pas pour objet de fournir des indications de lieux mais sont des allégories du monde.
Le portrait a pour fonction de retranscrire l'apparence extérieure d'une personne. Pour autant, ce travail de représentation est interprétatif et des composantes du sensible transparaissent. La pose, les expressions, les attributs ou le style de l'artiste font que réalité et subjectivité se mêlent nécessairement. Les portraits de Yang Bin ne font pas exception. Son traitement iconographique et stylistique magnifie les modèles et confère une solennité pour l'éternité. Les portraits deviennent intemporels et la charge mémorielle défie la mort.
Patrick Rucart est rédacteur pour le site Observatoire de la Franchise depuis 8 ans. Avec une solide expérience dans le domaine de la franchise et de l'entrepreneuriat, il suit de près les tendances du marché et les stratégies des réseaux. Son expertise lui permet de donner des conseils pratiques aux futurs franchisés et d'analyser les évolutions du secteur. Grâce à son regard averti, Patrick aide les entrepreneurs à mieux comprendre les enjeux et les opportunités de la franchise, avec des informations claires et fiables.