YellowKorner présente Alastair Magnaldo « Paradis perdus»
Alastair Magnaldo fait de la photographie comme certains écrivent des fables. Il invente un univers qui lui est propre. Non sans rappeler le chef d'oeuvre « Alice au Pays des merveilles », le photographe nous fait traverser le miroir pour revivre l'onirisme de l'enfance. Mais la mélancolie prend le pas sur la magie et c'est aussi d'un paradis à jamais perdu dont le photographe nous parle.
Au premier regard, on ne sait si les oeuvres d'Alastair Magnaldo sont des photographies ou des tableaux. L'artiste consacre énormément de temps à la composition. La recherche et la création des scènes, la sélection des objets, leur placement et interaction représentent un travail de préparation important. Comme pour des oeuvres peintes, il consigne au préalable ses idées sous forme de croquis très approximatifs mais où figurent déjà la description du type d'ambiance et de lumière qui vont avec. Ensuite, il s'écoule un certain temps, un « temps de collectionneur », pour remplir la scène et finir ce qu'il compare lui-même à un patchwork. Le photographe utilise tout autant l'argentique que le numérique. Toutes les scènes de paysages sont ensuite montées en panoramique par assemblage manuel. Par la suite, il effectue, si nécessaire, un travail de mise en scène dans son studio ou plus souvent sur le terrain. Certaines de ses photographies ont été réalisées en photomontage, d'autres, non. Ainsi le spectateur ne peut savoir avec certitude ce qu'il en est. Il n'y a pas de frontière nette entre le photomontage et la mise en scène. Ses réalisations sont un véritable mélange des deux.
Les sujets des mises en scène de Magnaldo ont trait au monde de l'enfance : « Ce qui m'intéresse, c'est la fausse naïveté des enfants et leur regard libre sur le monde. Ce sont des regards qui sont happés ensuite par la réalité de la vie ». Faisant fi des lois de la physique et de toute logique en général, l'artiste fabrique un univers inspiré des rêves et des désirs des enfants. Alors que le thème de l'enfance est immédiatement associé à la gaîté, il émane des travaux de Magnaldo une réelle mélancolie. Le spectateur qui contemple ces photographies prend la mesure de ce qu'il a perdu en passant de l'enfance à l'âge adulte.
Alastair Magnaldo met en images les rêveries et les pensées communes à tous les enfants. Il raconte, pour les adultes qui ne se souviennent plus, les errances de l'imagination qui attisent les espérances, engendrent les déceptions et finissent par construire les personnalités. Le photographe remémore à chacun, mieux qu'avec des mots, l'état d'enfance.