YellowKorner présente Jean-Marc Durou « Désert graphique »
Antoine de Saint-Exupéry écrivait dans Le Petit Prince : « J’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant, quelque chose rayonne en silence… ». C’est ce silence infini qui a fasciné Jean-Marc Durou et qui continue, encore aujourd’hui, à le subjuguer. C’est à l’âge de 23 ans qu’il découvre le Niger, le Mali et la Mauritanie. Il a alors un véritable coup de foudre pour le désert et devient photographe, spécialiste du Sahara. Ami et collaborateur de Théodore Monod, Jean-Marc Durou illustrera de nombreux ouvrages et certains, dont « L’Exploration du Sahara » (Actes Sud), seront vendus à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires. S’il réalise des reportages en Afghanistan, au Pakistan et au Moyen-Orient, son attirance pour le Sahara reste toujours la même et il ne cesse d’y revenir afin de le photographier.
Dans l’imaginaire collectif, le désert n’est qu’une vaste étendue de sable qui s’étend à perte de vue. La réalité est tout autre puisque le désert se compose à 80% de surfaces rocheuses et seulement à 20% de surface sableuses. Sous la forme de grands massifs de dunes, les ergs envoûtent les voyageurs et inspirent les photographes. La manière dont les dunes se forment reste encore mystérieuse pour beaucoup. On imagine couramment que seule l’action du vent a permis aux sédiments de s’accumuler.
Rares sont ceux qui savent que les dunes sont directement liées à la présence de fleuves qui coulaient dans ces régions bien avant l’arrivée des hommes sur Terre. Sans embouchure pour se déverser, les cours d’eau tournaient en rond. L’érosion des grès a fini par former des massifs de dunes. Aussi historien du désert, c’est avec ces connaissances que Jean-Marc Durou photographie le désert. Au-delà du sable et de l’horizon qui s’offrent à lui, il sait qu’il photographie les stigmates de l’origine du monde. Il compare d’ailleurs ses séjours dans le désert à une « éternelle renaissance ».
Les courbes, les crêtes dunaires et les rides qui animent les flancs des dunes sont autant de motifs dignes de représentations. Jean-Marc Durou sublime les paysages désertiques mais cherche aussi à retranscrire son ressenti. Le photographe insiste sur les effets de la lumière sur les reliefs. L’utilisation du noir et blanc permet un rendu extrêmement graphique. Epurées, les compositions des photographies s’articulent autour de lignes directrices fortes. Les noirs, les blancs et les nuances de gris sculptent les volumes. Le soleil qui tape sur les dunes provoque de forts contrastes de lumière.
Les arêtes vives des sommets sont marquées tandis que les flans sont baignés dans l’ombre ou, tout au contraire, dans la lumière. Les dunes sont transfigurées. Emergeant du sol, elles prennent des formes géométriques et abstraites. L’action naturelle des vents, qui peuvent être violents dans le désert, provoque l’écoulement du sable sur les faces d’avalanche et laissent des motifs. L’alternance des cannelures, des stries et des ondulations confère du mouvement. Voués à la destruction par l’action des vents qui les avaient aussi créés, ces motifs participent à l’évolution perpétuelle du paysage.