YellowKorner présente la « Symphonie Pastorale » de Cally Whitham
La photographe néo-zélandaise Cally Whitham concentre sa recherche artistique sur la représentation du quotidien. Elle commence la photographie à l’âge de 11 ans en accompagnant son père artiste peintre. Ce dernier se déplace à travers la campagne pour faire des croquis de forêts et de fermes. Elle a donc depuis l’enfance la peinture comme référence artistique et maîtrise les techniques des beaux-arts.
Cally Whitham photographie la nature, non pas comme elle est mais comme elle devrait être. Cette vision romantique de la réalité lui permet de donner une valeur esthétique à des sujets triviaux. C’est ainsi que la photographe prend des clichés d’animaux de la ferme.
A l’instar d’autre artistes, pour la plupart peintres, Whitham portraitise des vaches mais aussi des oies, des coqs et autres. Reprenant les codes de la grande peinture classique, la photographe magnifie le monde rural comme l’avaient déjà fait les peintres de l’Ecole de Barbizon, Rosa Bonheur, Chardin ou encore Julien Dupré.
Sombre et contrastée, cette série représente des portraits d’oiseaux de basse-cour en buste, de profil ou de trois-quarts. Sur un fond sombre, le modèle en couleur bénéficie d’un éclairage zénithal. Cally Whitham fait abstraction de la réalité de la vie à la ferme. Il n’y a pas de traces de boue sur les plumages et les photographies semblent être extraites d’imagiers et non prises sur le vif. Le portrait ici n’a pas une fonction de représentativité dans le sens de la figuration mimétique. Il a pour fonction de magnifier le sujet.
Les coqs et les oies sont représentés non pas tant comme des animaux courants comme on peut tant en voir dans les fermes mais comme des animaux rares. Les photographies des vaches dans les champs reprennent le même principe. Dans un paysage idéal d’une beauté édénique, des vaches paissent. Cally Whitham utilise le vignettage. Cette technique permet d’assombrir les coins et la périphérie de la photographie et permet la mise en valeur du sujet et du décor qui l’entoure.
L’œuvre de Cally Whitham évoque le moment charnière dans l’histoire de l’art de la deuxième moitié du XIXème siècle. L’artiste, dans une quête de vérité, s’échappe de l’atelier pour venir peindre sur le motif. Sous la lumière naturelle, le sujet le plus banal devient digne de représentation et l’iconographie en art s’en trouve bouleversée. La photographe néo-zélandaise transcende aussi le banal et métamorphose ses modèles. L’attitude est hiératique et les gallinacés semblent poser pour une photographie officielle. On peut aussi imaginer que la photographe redevient la petite fille qui accompagnait son père. Elle idéalise ses souvenirs et transforme en symphonie pastorale la campagne environnante.