Banque Centrale Populaire
Un entretien avec Monsieur M. El Ouardi, directeur Général de la Banque Centrale Populaire
" La Franchise, un cadre rigoureux pour générer un développement durable."
Yves SASSI : Quelle est votre implication dans le domaine de la franchise
Monsieur M. El Ouardi : Nous avons voulu, dès le départ, accompagner le processus de développement de la franchise. Pour cela, notre organisme a participé aux réunions des instances marocaines, pour bien comprendre comment fonctionnait ce mode d'implantation du commerce organisé et pour connaître les besoins de chacun. D'ailleurs, nous avions également financé quelques franchiseurs.
Notre organisme est la banque la plus engagée dans le financement des jeunes créateurs d'entreprise. Il est donc évident que la franchise nous intéresse au premier chef.
Ces jeunes promoteurs ont des qualités et un savoir faire dans leur domaine d'activité, mais souvent, ils manquent d'expertise en matière de gestion d'entreprise. La franchise leur permet de démarrer en bénéficiant de l'expérience de l'enseigne et limite ainsi le risque. C'est incontestablement un modèle qui favorise la réussite des micros entreprises.
Yves SASSI : Comment organiser le financement des enseignes qui se développent ?
Monsieur M. El Ouardi : Les banques doivent comprendre quels sont les modèles de la franchise, les modalités, les contrats, le type de relations qui existent entre franchiseurs et franchisés.
Alors, bien entendu, les franchiseurs souhaitent que leurs banques mettent en place une offre spécifique de financement des réseaux de franchise. C'est une question pertinente, mais je pense que le problème est mal posé.
Nous ne pouvons pas, au sens marketing, proposer un produit clé en main aux franchiseurs. Chaque enseigne a des besoins spécifiques et appartient à un secteur d'activité qui lui est propre. C'est plutôt en terme de secteur qu nous pouvons faire une offre. Le fait d'appartenir à une enseigne est un élément supplémentaire qui peut rassurer un organisme financier puisqu'il existe des implantations types sur lesquelles nous pouvons nous référer.
Ce dont nous avons besoin, c'est de maîtriser les process, de pouvoir les analyser et de fournir un avis sur la qualité des prestations proposées par l'enseigne. Nous devons intégrer dans le dossier de demande de financement la qualité du franchiseur, le degré d'excellence des processus de gestion, de contrôle, la justification du coût d'acquisition de la franchise, les taux de royalties, la qualité des relations entre le franchiseur et ses franchisés… Ils font partie intégrante des éléments d'appréciation du risque. Et puis nous devons également pouvoir apprécier les capacités de réussite du candidat à la franchise.
Yves SASSI : Quelles sont les mesures ou les méthodes que vous allez mettre en place ?
Monsieur M. El Ouardi : Pour que notre réseau comprenne mieux ce système d'affaires, nous avons créé des réunions destinées à instaurer un dialogue entre les différents intervenants de la franchise et nos crédits managers. Nous avons ensuite décidé de mettre en place une convention de partenariat qui tourne autour d'un process d'échange d'informations, afin de rendre l'information plus transparente. Nous devons avoir des éléments factuels d'appréciation.
Yves SASSI : Comment analysez-vous le développement de la franchise au Maroc ?
Monsieur M. El Ouardi : Ces trois dernières années montrent clairement qu'il s'agit d'un levier de développement économique efficace. Je crois beaucoup dans le développement de la micro entreprise. C'est un modèle très structurant pour l'économie du Maroc. Il est évident qu'elle a besoin d'un cadre plus rigoureux pour générer un développement durable. Les économies fortes sont celles qui ont su structurer les TPE et PME. Ce sont aussi celles qui créent de la richesse. Et la franchise peut participer à créer cette dynamique.