YellowKorner présente les photographies de Jasper James : « Throught the window »
Dans la capitale chinoise, trois styles d’architectures se côtoient. Les constructions traditionnelles de la Chine impériale, les bâtiments de style sino-soviétique et, enfin, les buildings modernes des centres d’affaires se partagent le paysage urbain. C’est dans cette partie moderne de la ville que Jasper James prend ses photographies. Le photographe a vécu et travaillé à New York et Londres. Il s’est maintenant installé à Beijing. Son activité se scinde en deux : il travaille à la commande pour la presse, réalise des campagnes publicitaires et il mène aussi une recherche personnelle sous la forme de séries.
Derrière les baies vitrées de gratte-ciel, des silhouettes se pressent. À travers le reflet de ces individus se découvre, en contre-plongée, le paysage urbain de Pékin. La figure humaine devient le prisme par lequel la représentation de la ville devient possible. Il n’y pas de premier plan et d’arrière-plan. Les silhouettes se confondent avec l’architecture de Beijing. Aucun plan ne prend le pas sur l’autre et les deux sujets, la ville et les personnages, sont traités avec une égale importance.
Puisque l’artiste fait le choix de ne privilégier aucun des sujets, le spectateur, plus ou moins consciemment, définit par lui-même ce qui est, pour lui, l’objet principal de la représentation. Les effets de transparence donnent un aspect surréaliste et évoquent les codes de représentation ayant attrait à l’onirisme. Selon la psyché du spectateur, les personnages sont réels et la ville le fruit de l’imagination ou, au contraire, la cité est l’élément réaliste habitée par des figures fantasmatiques.
La vitre qui sépare a une forte valeur symbolique. Elle marque la frontière entre intérieur et extérieur. Elle peut aussi enfermer ou, au contraire, être un rempart contre les agressions extérieures. Bien que transparente, la paroi de verre devient donc un élément fort et le troisième sujet de la représentation. Elle symbolise peut-être, à l’instar du miroir d’Alice, une porte de passage vers un autre monde.
Jasper James ne cherche nullement à représenter Pékin. La ville, la baie vitrée et la silhouette humaine sont un tout. C’est cet ensemble qui devient le sujet. Ses compositions évoquent les tableaux de Magritte. À travers la silhouette, le paysage s’ouvre vers l’infini. La vitre marque le passage entre deux mondes: la réalité et l’imaginaire.