YellowKorner présente les photographies de Raphaël Halin : « Frontière »
À la fois photographe et directeur artistique dans la publicité, Raphaël Halin vit et travaille à Paris. Fasciné par les travaux de Depardon et de Koudelka, il se consacre à la photographie de paysage. Son œuvre évolue au fil des ans et il accorde de plus en plus d’importance aux êtres humains. Son travail est exposé à la Maison Européenne de la Photographie. Ses séries font également l’objet de publications dans des revues ou sur des sites à travers le monde.
La série « Frontière » est réalisée à Honfleur. Raphaël Halin instaure un long temps de pose avec mouvements de l’appareil et superposition des images. Dans une grande liberté de langage plastique, le rendu s’apparente aux effets des mirages. La composition de chaque photographie s’organise toute entière autour de la ligne d’horizon. Cette dernière scinde l’espace en deux parties distinctes : l’élément terrestre et l’élément céleste. Reprenant les codes du Op Art, Raphaël Halin réalise des images vibrantes qui reposent sur les superpositions de couches colorées. Dans ces paysages abstraits évoluent des silhouettes humaines. La netteté avec laquelle les protagonistes sont représentés tranche avec l’ensemble. Seul, en couple ou en groupe, les personnages se livrent à des activités sportives et sont vêtus de tenues appropriées.
Les protagonistes prennent corps dans des espaces gigantesques semblant appartenir à un autre monde. Le propos n’est ni Honfleur ni l’activité à laquelle s’exerce chacun des personnages. Entre minimalisme et surréalisme, le sujet traité par l’artiste est « l’évolution de l’homme dans une société dématérialisée ». Raphaël Halin ne fait pas le choix d’épurer le décor pour se concentrer sur la représentation des êtres humains. Il choisit, délibérément, de faire évoluer les personnages dans ce qui devient un monde nouveau. Sans plus de repères visuels permettant de renseigner l’espace, le spectateur découvre un lieu dématérialisé. Évoquant le néant, mais sans connotation anxiogène, le monde dans lequel les sujets représentés vivent et progressent évoque les fantasmes post-modernes d’une société entièrement virtuelle.
Raphaël Halin conçoit ses œuvres comme des tableaux. Il va au-delà des capacités mimétiques qu’offre la photographie pour élaborer des images inédites. Il crée un univers nouveau où des êtres évoluent dans des décors surréalistes. Les deux motifs ne peuvent exister l’un sans l’autre. Le hiatus entre le réalisme des personnages et l’abstraction du paysage crée une nouvelle dimension et donne le sens de la représentation.