Dossiers de la franchise
L’immobilier subit une crise de confiance
Au second semestre 2008, la crise financière s’est transformée en crise économique et en crise de confiance. Cette dernière a poussé les acquéreurs solvables à l’attentisme. Pour l’Observatoire de la Franchise, René Pallincourt, Président de la Fédération Nationale de l’Immobilier (FNAIM), fait le point sur la situation du secteur immobilier.
L’Observatoire de la Franchise : Les médias relayent des chiffres toujours plus catastrophiques concernant le marché de l’immobilier. Qu’en est-il exactement et quelles sont les prévisions de la FNAIM pour le reste de l’année et à plus long terme ?
René Pallincourt : L’activité a chuté, entre le second semestre 2008 et le premier semestre 2009, de 20 à 30% avec, comme corollaire, une baisse des prix de l’ordre de 9,8% au premier trimestre 2009 par rapport à la même période en 2008. La baisse d’activité et des prix est homogène sur l’ensemble du territoire national. Pour autant, certaines villes ou régions résistent bien en matière de prix à l’instar de Paris intra muros quand d’autres résistent mieux en termes d’activité. Parallèlement à cette chute de l’activité et des prix, on observe une baisse des taux d’intérêt. Ainsi, on annonce actuellement des crédits sur 15 ans à un taux de 4,40%. Rappelons que ce sont des taux que l’immobilier rencontrait en 2006/2007 alors que le marché était euphorique. Cette baisse des taux, conjuguée à la baisse des prix, a pour effet de resolvabiliser la clientèle. Ainsi, certains acquéreurs jusqu’alors en situation d’attente vont pouvoir réaliser leur projet.
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Tout à fait. Le gouvernement a annoncé au mois de mars 63 400 demandeurs supplémentaires en France. La confiance n’est pas là. Et pour cause : si l’acheteur n’a pas une lecture de l’avenir suffisamment longue, il devient difficile de réaliser un projet immobilier qui, par définition, est un projet à long terme. Pourtant, l’immobilier connait depuis mi février un certain rebond qui correspond notamment à l’arrivée du printemps. Il semblerait que les chiffres du mois d’avril confirment ceux du mois de mars. Mais je reste prudent face à une économie qui détruit des emplois et qui n’est donc pas favorable à la réalisation de projet immobilier.
Le marché de l’immobilier n’est pas en crise mais il subit les effets de la crise. C’est actuellement un marché sain avec des prix en baisse et des taux d’intérêt acceptables. Nous faisons donc face à un problème de confiance dû à la morosité en matière d’emploi. Si demain, on arrivait d’un coup de baguette magique à inverser le processus de destruction d’emploi en France, l’immobilier ferait un malheur.
Quelles sont les positions de la FNAIM sur les nouvelles mesures de relance du gouvernement et quelles sont celles qui, selon vous, permettraient véritablement la relance du secteur ?
Les mesures gouvernementales de relance, qu’il s’agisse du doublement du prêt à taux zéro ou des incitations à l’investissement locatif, sont très orientées sur le neuf et ne prennent pas en compte le marché de l’ancien. L’éco prêt concerne le marché de l’ancien mais il justifie de la part des propriétaires un investissement important. La Fédération a demandé à Christine Boutin, Ministre du Logement, que le doublement du prêt à taux zéro soit élargi au marché de l’ancien quitte à supprimer la mesure des déductions d’intérêts d’emprunt qui n’a pas eu d’effet sur le marché. Cette mesure est par définition décalée dans le temps et ne déclenche pas l’achat. Aujourd’hui, nous avons besoin de mesures incitatives favorisant réellement l’acte d’achat.
Il existe beaucoup de grands réseaux immobiliers en France. Sont-ils mieux armés que les indépendants pour résister à la crise ?
Les réseaux ont des méthodes commerciales qui permettent de mieux travailler et de mieux traverser la période. Ainsi, le Service Inter Agence (SIA) qui consiste à mutualiser les mandats exclusifs mis en place par la FNAIM permet d’obtenir une force de vente beaucoup plus importante. Il existe des procédures qui sont de nature à améliorer la performance économique des entreprises et les réseaux ne sont pas étrangers à cette dynamique.
Que pensez-vous du développement des agences positionnées sur le low-cost dans l’immobilier ?
Je ne suis pas favorable au dumping des honoraires. Ce n’est pas parce qu’on vend moins cher sa prestation que l’on va vendre plus. Les clients des agences immobilières attendent un service complet et de qualité. La qualité s’acquiert à travers la formation professionnelle et passe par des outils performants adaptés aux besoins des professionnels. Or, on ne peut pas donner la même prestation quand on pratique des honoraires restreints. Il faut accepter l’idée que celui qui pousse la porte d’une agence et qui accepte de payer un professionnel recherche du conseil, un service optimisé et un savoir faire métier. Le professionnel doit se mettre à la place de son client qui n’a ni le temps ni toutes les compétences pour choisir le bien qui lui correspond. Il faut donc améliorer la qualité de la prestation pour justifier la facture. Le client doit avoir affaire à un vrai professionnel. Malheureusement, l’immobilier demeure un secteur où certains acteurs n’ont pas les compétences nécessaires pour apporter le service de qualité que recherche le client.
Que dire du développement du home staging développé depuis longtemps aux USA et au Canada et qui prend de l’ampleur en France. Est-ce une solution qui permet de doper les ventes ?
En France, l’appartement témoin apparait comme l’ancêtre du home staging. L’appartement témoin servait à faire rêver les clients. Le home staging, qui permet de présenter le bien sous son meilleur aspect, est donc l’adaptation au marché de l’ancien d’une méthode qui a fait ses preuves dans le neuf. Cela se pratique couramment dans les pays anglo-saxon. Le phénomène arrive en France et c’est une bonne chose. Il faut faire rêver le client. Ce n’est pas une sanction que d’acheter un appartement. Il faut que cet acte reste un plaisir. Et le décor participe de l’envie de réaliser le projet.
Un mot de conclusion ?
Nous sommes sur un marché, et j’insiste là-dessus, qui n’est pas en crise. Il n’y a pas d’effondrement du marché. Le marché reste sain dans un environnement économique fortement dégradé suite à la crise financière du 4ème trimestre 2008. Les fondamentaux sont bien orientés, les besoins sont présents. Il reste à apporter la confiance nécessaire à les réaliser.
Propos recueillis par Mélanie Kessous
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