Un entretien avec Mohamed El Manjra, master franchisé Maxi Toys et Weldom
Yves SASSI : Vous développez deux enseignes au Maroc. Quels sont les freins que vous avez rencontrés ?
Mohamed El Manjra : La franchise se développe au Maroc depuis 6 ou 7 ans. Ce phénomène est lié à l'annulation du prix de référence dans le secteur textile, ce qui a permis à des entrepreneurs comme moi de se lancer.
Nous sommes dans une économie en pleine libéralisation. Il y a encore quelques freins, mais les autorités font de très gros efforts. J'ai d'ailleurs été agréablement surpris par le dynamisme de l'administration et assez déçu par les banques. Elles demandent des garanties que nous ne sommes pas toujours en mesure de mettre en place, notamment lorsque l'entreprise est en cours de création. C'est seulement maintenant qu'elles comprennent l'intérêt de la franchise dans la création d'entreprise. Pour notre développement, nous avons fait appel au capital risque, qui est une solution plus flexible et rapide.
La solution serait sans doute de mettre en place des fonds d'investissement spécialisés par secteur d'activité.
Concernant Weldom, nous avons eu des fonds de la banque Européenne d'Investissement qui trouvera sa rémunération dans le taux d'intérêt et une part définie à l'avance des bénéfices de l'entreprise. Ce type de partenariat oblige les entreprises à une plus grande transparence. Il est évident que si l'on formalise les structures des entreprises, tous les intervenants économiques y trouveront leur compte. Une comptabilité claire permet à l'Etat d'encaisser la TVA, les salariés seront tous déclarés... Le consommateur s'y retrouvera également dans la qualité de services et de produits. Il est clair qu'aujourd'hui que le consommateur ne se sent pas toujours en confiance face à des commerces peu ou pas organisés. Lorsqu'il a à faire à une enseigne, il sait exactement quelle est la valeur du produit proposé.
Yves SASSI : La création d'entreprise en franchise a-t-elle, selon vous, un impact sur l'emploi ?
Mohamed El Manjra : Oui, c'est évident. La création d'un point de vente Maxi Toys crée une douzaine d'emplois et un magasins Weldom environ 35. Et il faut ajouter à cela que la franchise est un accélérateur de développement. Les partenaires financiers sont rassurés par cette rapidité de développement des entreprises. La Banque Africaine de Développement l'a bien compris en favorisant le financement des enseignes. Seule la franchise permet se développement en cascade. On dispose d'outils précis pour dupliquer.
Vous ouvrez dans quelques semaines un magasin Weldom spécialisé dans le bricolage. C'est un secteur encore vierge. Quelle a été votre analyse pour vous lancer dans cette autre aventure ?
Il n'y a, au Maroc, aucune offre globale concernant le bricolage. Le consommateur est obligé de faire le tour de plusieurs magasins pour acheter les différents matériaux dont il a besoin. Cela décourage toutes les initiatives des particuliers qui ont pourtant un fort attrait pour la décoration de leur intérieur.
Le fait de proposer tous les produits, sur une même surface va inciter les gens à évoluer sur ce créneau. Nous savons que le marché existe, qu'il y a une demande. La question est de savoir si notre recette va les séduire.
Yves SASSI : Vous êtes un des acteurs du développement d'enseignes étrangères au Maroc. Comment analysez-vous ce développement ?
Mohamed El Manjra : positionnent trop souvent dans le haut de gamme. Il faut au contraire encourager les gens à consommer. Il est impératif de descendre vers une population plus large, présenter des offres complètes pour satisfaire plus de gens. C'est à ce prix que l'implantation de la franchise sera une réussite.
Le Maroc n'offrira pas aux enseignes des capacités de développement comme dans un pays comme l'Espagne, par exemple. Mais le Maroc peut être également considéré comme un laboratoire pour une implantation prochaine dans les autres pays du Maghreb. Ils bénéficieront d'une logistique, d'équipes performantes et seront donc prêts à s'étendre en Tunisie et en Algérie quand le moment sera venu.