Une fin de premier semestre riche en évènements…
Le deuxième trimestre aura bien évidemment été marqué par la succession de scrutins qui ont vu Nicolas Sarkozy accéder aux plus hautes responsabilités nationales, avec un mandat complété, même dans des proportions moindres que celles que certains escomptaient, par une majorité législative. La nouvelle équipe de direction de notre pays a donc désormais 5 ans pour mener à bien les chantiers de son programme, sans toutefois perdre de temps car notre beau pays est en attente forte de réformes.Celles-ci ont d’ailleurs été entamées ipso facto s’agissant du principal sujet de préoccupation qu’est actuellement le pouvoir d’achat : mesure fiscale sur le crédit d’impôt des intérêts d’emprunt, relance du chantier sur l’épargne salariale, abaissement du bouclier fiscal de 60 à 50% du taux d’imposition, réforme en cours sur le coût des heures supplémentaires…. L’objectif est simple : marquer l’esprit des français afin d’asseoir une confiance immédiate pour enchaîner d’autres réformes nécessaires mais qui seront moins populaires (régimes de retraite, gestion de la Fonction Publique, libéralisation du code du Travail).
L’incidence sur notre métier est directe et indirecte. Directe, car ces choix vont contenir les prix du marché de l’Immobilier, faciliter la décision de ménages (22 à 30 000 selon le Bipe) de se porter acquéreurs en les « solvabilisant », participer au maintien du moral des ménages dans son envie de consommer (après un début de 2ème trimestre heurté avec une baisse de la consommation de 0,8% en Mai qui a ramené les prévisions sur l’année de 2,5% à 2,1%). Indirecte, car la dynamique de croissance économique interne devrait ainsi contraindre les partenaires financiers à poursuivre leur stratégie de conquête commerciale, et donc à multiplier les offres et à privilégier les canaux externalisés d’acquisitions de clientèle.
A propos de l’Immobilier qui, au-delà de toute liaison avec l’activité de courtage en crédits, demeure un voyant fort de la santé économique de la France, plusieurs événements se succèdent également. D’une part, les Pouvoirs Publics vont sans doute accélérer la mise en œuvre du projet de forte relance des constructions de logements, dossier de prédilection de Jean-Louis BORLOO, appelé depuis à des fonctions supérieures. Ce chantier est toujours d’une urgence cruciale pour modérer les ardeurs spéculatives sur les niveaux de prix du marché, et aussi pour satisfaire à un déficit d’offres dont tous s’accordent à dire qu’il faudra 10 à15 ans pour le résorber. A ce sujet, les mesures fiscales récemment prise sur le crédit d’impôt inhérent aux intérêts d’emprunt, sont interprétées par les uns et les autres de façon très différentes. Pour certains, cela n’aura qu’un impact léger sur le Marché. Mais bon, 30 000 transactions, c’est toujours ça !
Et si l’incidence sur le taux moyen des prêts immobiliers est de 0,3% (Ndlr : je suis toujours surpris de ce type d’extrapolation tant les paramètres sont nombreux et subtils : durée moyenne et montant moyen du prêt à l’origine, durée moyenne réelle de vie du prêt, proportion très forte des taux fixes dans l’accession à la résidence principale, incidence relative puisque limitée aux intérêts sur les emprunts pour les 5 premières années, application étendue aux crédits déjà mis en place….), cela représente, sur 170 milliards d’euros de crédits distribués, une certaine somme… ! Quant à dire que cela pourrait renchérir les prix du Marché, même temporairement, de 3%, c’est vraiment prendre l’investisseur français lambda pour un économiste de première zone, et un bien piètre gestionnaire ! La réalité du marché, avec un nombre de transactions qui se stabilise, et des prix qui progressent moins vite (on serait encore à près de 5% de hausse moyenne en 2007, avec des disparités qui s’accentuent), c’est que la demande reste très forte et que l’offre locative est de plus en plus difficile d’accès. De plus, M. SARKOZY vient de confier à Christine LAGARDE sur l’élargissement de l’accès au crédit à l’habitat pour les seniors et les personnes à revenus irréguliers. Les propositions sont attendues pour octobre prochain. Pour toutes ces raisons, je ne mise donc toujours pas sur un retournement du marché immobilier, mais sur une simple digestion de la très forte revalorisation de ces 6 dernières années, avec même localement des rattrapages (proximité de zones plus chères).
Un autre fait marquant de ces dernières semaines est l’accélération des « grandes manœuvres » capitalistiques dans le milieu bancaire et financier international. La bataille fait encore rage autour du rachat de ABN-AMRO BANK par Royal Bank of Scotland, Grupo Santander et Fortis. Le leader italien du crédit à la consommation, UniCrédit, au travers son absorption de Capitalia, se positionne désormais comme le 2ème groupe bancaire européen, et a depuis racheté une autre banque européenne, tandis qu’ils avaient annoncé d’éventuelles velléités sur la Société Générale. La même Société Générale a démenti par ailleurs, tout comme BNP PARIBAS, tout autre projet de rapprochement pour la création d’un grand groupe bancaire national. Côté BNP PARIBAS, le raisonnement se tient d’autant que ce regroupement provoquerait une destruction de valeurs internes fortes, les 2 établissements ayant depuis la première tentative avortée de fusion en 1999, développé les mêmes activités et une stratégie de croissance à l’étranger similaire. Du coup, les deux banques sont des proies identifiées sur le marché financier international.
L’actualité bancaire est aussi animée par l’évolution des taux, il n’y a qu’un pas. La BCE a relevé sans surprise ses taux directeurs fin Mai de 25 points de base pour le fixer à 4,00 %. Le maintien du cap politique concernant la gestion préventive d’une tension inflationniste reste l’argument essentiel de cette décision, appuyé en cela par les récentes déclarations de la BRI (Banque des Règlements Internationaux) qui juge même que la politique de taux des principales banques centrales est toujours « accommodante », sachant que parallèlement la FED stabilisait ses taux à 5,25%.
Il n’empêche que des signes sensibles de ralentissement se font sentir aux Etats-Unis et en Europe, et que cette stratégie de durcissement du recours au crédit pour réguler la masse monétaire risque de trouver ses limites en cas d’événement impromptu (choc économique ou politique) ou de persistance de l’érosion de la consommation. La légère modulation du discours de M. TRICHET, dans sa dernière intervention, était d’ailleurs perceptible puisque, sans écarter l’éventualité d’une nouvelle hausse d’ici la fin de l’automne, il ne faisait plus référence à une obligation de durcir la politique de taux dans l’immédiat. Certains parient sur des taux directeurs à 4,50% fin 2007. Je pense pour ma part qu’une nouvelle hausse de 0,25% est vraisemblable à la rentrée, mais je pressens une digestion de ces 18 derniers mois de hausse continue. Cet avis est étoffé par ailleurs par les négociations en cours, très âpres, entre l’Europe, jusqu’ici silencieuse, les Etats-Unis et la Chine sur la réévaluation du cours du Yuan. La monnaie chinoise permet à ce pays de gérer sa forte croissance économique à moindre coût tout en reportant sur le dollar et l’euro les spéculations et les mouvements, du fait du quasi-monopole des ces deux monnaies dans les échanges de matières premières. Le bras de fer s’engage et la Chine a de nombreux arguments. N’empêche qu’elle ne peut se permettre de faire cavalier seul, d’autant que l’Inde serait immédiatement appelé en arbitre économique de la zone Asie par les autres grandes puissances. A suivre….
Enfin, comment ne pas revenir sur le scoop médiatique de la semaine dernière avec l’annonce de la mise en vente du courtier MeilleurTaux ? Le milieu financier savait que ce confrère devait faire face à des demandes des investisseurs présents à son capital pour arbitrer leur participation dans le capital du seul courtier en crédits coté en Bourse (échéance d’options, encaissement de plus value, décrochage du titre dernièrement…). Si CAFPI s’est fait un coup de publicité facile en annonçant qu’il n’était pas candidat à une reprise (le pouvait-il ?), la stratégie de développement du modèle de courtage via Internet rencontre ici ses limites. D’ailleurs le développement de ces derniers mois de MeilleurTaux s’est essentiellement adossé à la croissance de son Réseau franchisé, tandis que les structures succursalistes et la 2ème plateforme téléphonique n’ont eu de cesse de tracasser l’enseigne. Il n’y a rien à gagner pour la profession à ce que notre confrère connaisse des difficultés à se faire racheter, mais l’identité du ou des repreneurs sera instructive pour juger de la maturité du marché du courtage dans le paysage économique et financier. Si le rachat est effectué par un groupe bancaire, ou une compagnie d’assurances, les prochains mois promettent une actualité toujours aussi foisonnante !
Bruno Rouleau, In&Fi France
L’incidence sur notre métier est directe et indirecte. Directe, car ces choix vont contenir les prix du marché de l’Immobilier, faciliter la décision de ménages (22 à 30 000 selon le Bipe) de se porter acquéreurs en les « solvabilisant », participer au maintien du moral des ménages dans son envie de consommer (après un début de 2ème trimestre heurté avec une baisse de la consommation de 0,8% en Mai qui a ramené les prévisions sur l’année de 2,5% à 2,1%). Indirecte, car la dynamique de croissance économique interne devrait ainsi contraindre les partenaires financiers à poursuivre leur stratégie de conquête commerciale, et donc à multiplier les offres et à privilégier les canaux externalisés d’acquisitions de clientèle.
A propos de l’Immobilier qui, au-delà de toute liaison avec l’activité de courtage en crédits, demeure un voyant fort de la santé économique de la France, plusieurs événements se succèdent également. D’une part, les Pouvoirs Publics vont sans doute accélérer la mise en œuvre du projet de forte relance des constructions de logements, dossier de prédilection de Jean-Louis BORLOO, appelé depuis à des fonctions supérieures. Ce chantier est toujours d’une urgence cruciale pour modérer les ardeurs spéculatives sur les niveaux de prix du marché, et aussi pour satisfaire à un déficit d’offres dont tous s’accordent à dire qu’il faudra 10 à15 ans pour le résorber. A ce sujet, les mesures fiscales récemment prise sur le crédit d’impôt inhérent aux intérêts d’emprunt, sont interprétées par les uns et les autres de façon très différentes. Pour certains, cela n’aura qu’un impact léger sur le Marché. Mais bon, 30 000 transactions, c’est toujours ça !
Et si l’incidence sur le taux moyen des prêts immobiliers est de 0,3% (Ndlr : je suis toujours surpris de ce type d’extrapolation tant les paramètres sont nombreux et subtils : durée moyenne et montant moyen du prêt à l’origine, durée moyenne réelle de vie du prêt, proportion très forte des taux fixes dans l’accession à la résidence principale, incidence relative puisque limitée aux intérêts sur les emprunts pour les 5 premières années, application étendue aux crédits déjà mis en place….), cela représente, sur 170 milliards d’euros de crédits distribués, une certaine somme… ! Quant à dire que cela pourrait renchérir les prix du Marché, même temporairement, de 3%, c’est vraiment prendre l’investisseur français lambda pour un économiste de première zone, et un bien piètre gestionnaire ! La réalité du marché, avec un nombre de transactions qui se stabilise, et des prix qui progressent moins vite (on serait encore à près de 5% de hausse moyenne en 2007, avec des disparités qui s’accentuent), c’est que la demande reste très forte et que l’offre locative est de plus en plus difficile d’accès. De plus, M. SARKOZY vient de confier à Christine LAGARDE sur l’élargissement de l’accès au crédit à l’habitat pour les seniors et les personnes à revenus irréguliers. Les propositions sont attendues pour octobre prochain. Pour toutes ces raisons, je ne mise donc toujours pas sur un retournement du marché immobilier, mais sur une simple digestion de la très forte revalorisation de ces 6 dernières années, avec même localement des rattrapages (proximité de zones plus chères).
Un autre fait marquant de ces dernières semaines est l’accélération des « grandes manœuvres » capitalistiques dans le milieu bancaire et financier international. La bataille fait encore rage autour du rachat de ABN-AMRO BANK par Royal Bank of Scotland, Grupo Santander et Fortis. Le leader italien du crédit à la consommation, UniCrédit, au travers son absorption de Capitalia, se positionne désormais comme le 2ème groupe bancaire européen, et a depuis racheté une autre banque européenne, tandis qu’ils avaient annoncé d’éventuelles velléités sur la Société Générale. La même Société Générale a démenti par ailleurs, tout comme BNP PARIBAS, tout autre projet de rapprochement pour la création d’un grand groupe bancaire national. Côté BNP PARIBAS, le raisonnement se tient d’autant que ce regroupement provoquerait une destruction de valeurs internes fortes, les 2 établissements ayant depuis la première tentative avortée de fusion en 1999, développé les mêmes activités et une stratégie de croissance à l’étranger similaire. Du coup, les deux banques sont des proies identifiées sur le marché financier international.
L’actualité bancaire est aussi animée par l’évolution des taux, il n’y a qu’un pas. La BCE a relevé sans surprise ses taux directeurs fin Mai de 25 points de base pour le fixer à 4,00 %. Le maintien du cap politique concernant la gestion préventive d’une tension inflationniste reste l’argument essentiel de cette décision, appuyé en cela par les récentes déclarations de la BRI (Banque des Règlements Internationaux) qui juge même que la politique de taux des principales banques centrales est toujours « accommodante », sachant que parallèlement la FED stabilisait ses taux à 5,25%.
Il n’empêche que des signes sensibles de ralentissement se font sentir aux Etats-Unis et en Europe, et que cette stratégie de durcissement du recours au crédit pour réguler la masse monétaire risque de trouver ses limites en cas d’événement impromptu (choc économique ou politique) ou de persistance de l’érosion de la consommation. La légère modulation du discours de M. TRICHET, dans sa dernière intervention, était d’ailleurs perceptible puisque, sans écarter l’éventualité d’une nouvelle hausse d’ici la fin de l’automne, il ne faisait plus référence à une obligation de durcir la politique de taux dans l’immédiat. Certains parient sur des taux directeurs à 4,50% fin 2007. Je pense pour ma part qu’une nouvelle hausse de 0,25% est vraisemblable à la rentrée, mais je pressens une digestion de ces 18 derniers mois de hausse continue. Cet avis est étoffé par ailleurs par les négociations en cours, très âpres, entre l’Europe, jusqu’ici silencieuse, les Etats-Unis et la Chine sur la réévaluation du cours du Yuan. La monnaie chinoise permet à ce pays de gérer sa forte croissance économique à moindre coût tout en reportant sur le dollar et l’euro les spéculations et les mouvements, du fait du quasi-monopole des ces deux monnaies dans les échanges de matières premières. Le bras de fer s’engage et la Chine a de nombreux arguments. N’empêche qu’elle ne peut se permettre de faire cavalier seul, d’autant que l’Inde serait immédiatement appelé en arbitre économique de la zone Asie par les autres grandes puissances. A suivre….
Enfin, comment ne pas revenir sur le scoop médiatique de la semaine dernière avec l’annonce de la mise en vente du courtier MeilleurTaux ? Le milieu financier savait que ce confrère devait faire face à des demandes des investisseurs présents à son capital pour arbitrer leur participation dans le capital du seul courtier en crédits coté en Bourse (échéance d’options, encaissement de plus value, décrochage du titre dernièrement…). Si CAFPI s’est fait un coup de publicité facile en annonçant qu’il n’était pas candidat à une reprise (le pouvait-il ?), la stratégie de développement du modèle de courtage via Internet rencontre ici ses limites. D’ailleurs le développement de ces derniers mois de MeilleurTaux s’est essentiellement adossé à la croissance de son Réseau franchisé, tandis que les structures succursalistes et la 2ème plateforme téléphonique n’ont eu de cesse de tracasser l’enseigne. Il n’y a rien à gagner pour la profession à ce que notre confrère connaisse des difficultés à se faire racheter, mais l’identité du ou des repreneurs sera instructive pour juger de la maturité du marché du courtage dans le paysage économique et financier. Si le rachat est effectué par un groupe bancaire, ou une compagnie d’assurances, les prochains mois promettent une actualité toujours aussi foisonnante !
Bruno Rouleau, In&Fi France