En 2050, comment la consommation locale a changé la distribution en France ?
Rappelez-vous lorsqu'en 2015 vous alliez encore dans des enseignes de grande distribution. Vous étiez dans un espace totalement vide de sens, où la seule chose qui comptait était de proposer le prix le moins cher: "Je suis le moins cher" clamaient toutes les enseignes de l'époque. Bien mal leur en a pris, étant donné que 35 ans plus tard nombre d'enseignes qui proposaient de la "grande distribution" comme Casino, Carrefour, Wall Mart ont disparu du paysage économique, pour le plus grand bien de nos assiettes.
Rappelons ce qu'était, par devoir de mémoire, la "grande distribution". Il s'agissait de proposer des produits standardisés, produits industriellement en énorme quantité, vendus dans de grands entrepôts sans âme que l'on appelait hypermarchés, afin de pouvoir faire baisser au maximum les coûts de revient de chaque produit, mais aussi de baisser aussi le goût et la qualité, sans avoir une agriculture durable.
C'est en 2014 que Marchands des 4 saisons a été créé, il y a déjà 36 ans. L'entreprise de Clermont-Ferrand visait à promouvoir la consommation de produits locaux, basée sur les principes du mouvement locavore, qui consiste à consommer des produits locaux de moins de 250 kilomètres autour de chez soi.
L'entreprise s'est rapidement développée suite à son lancement sur Internet. "Nous avons, dans un premier temps, lancé notre concept sur Internet, puis de nombreux entrepreneurs souhaitaient ouvrir des boutiques alors on les a accompagnés", déclare Marc Dorel, le fondateur du réseau.
La grande distribution a été supplantée par un modèle de distribution 100% responsable et durable. Avec les ventes via Internet, on réduit grandement les coûts logistiques et le prix de vente des produits locaux, ce qui nous a tout de suite permis d'être très compétitif, par rapport aux prix de supermarché et surtout de redonner des marges de manœuvre aux producteurs, qui ont ainsi trouvé des alternatives à la grande distribution pour vendre leurs produits. "Les clients n'étaient à l'époque pas autant prêts à commander par Internet, ainsi nous sommes allés dans le commerce réel."
Des boutiques, 100% responsables et durables, ont été ouvertes. Elles proposent autant de choix qu'en grande distribution, mais les produits sont durables, locaux, bio, issus du commerce équitable, tout en respectant une charte de l'agriculture durable.
Dans cette chaîne le producteur est respecté. Il a désormais des revenus plus confortables; la suppression des centrales d'achat a été un élément fondamental dans cette organisation.
Les producteurs travaillent désormais sur de petites productions, grâce au développement de l'agro-écologie et des techniques modernes de productions qui allient plusieurs cultures "amies", ils arrivent à augmenter les rendements, ils peuvent de nouveau manger ce qu'ils produisent! Certains paysans, joueurs, comparent les niveaux de productions et se rendent compte qu'au vu de la qualité des sols et des rendements, ils arrivent à produire jusqu'à deux fois plus. Les industriels et coopératives ont vite compris qu'il n'était plus rentable d'avoir d'immenses parcs industriels pour produire et ont incité leurs membres à évoluer et à changer.
Le développement de l'agro-écologie a également eu pour conséquence la disparition de "Monsanto", une multinationale qui vendait des semences génétiquement modifiées. Les producteurs ont massivement arrêté de travailler avec cette entreprise, lorsqu'il a été prouvé que les sols s'appauvrissaient et que les produits de Monsanto causaient plus de tort à l'écosystème local, de même pour les paysans, qui devaient chaque année s'endetter auprès de cette entreprise pour avoir le droit de semer leurs graines.
Aujourd'hui, la production est désormais 100% bio et nous n'avons plus besoin de labels pour le prouver. Tous respectent la charte agriculture durable, qui a été rendu obligatoire en 2030 pour toute production française. Les pesticides sont interdits, tout le monde peut aller voir régulièrement les fermes qui sont ouvertes au public afin de pouvoir regarder, apprendre et transmettre aux nouvelles générations les méthodes de travail.
On peut y découvrir comment sont utilisés les compostes, qui proviennent des poubelles vertes qui ont été généralisées et qui servent de lisier aux champs. On peut aussi trouver des ruches très vivantes, ce qui tranche avec l'année 2017 où nous avons failli voir disparaître les abeilles. Désormais, chaque ruche est beaucoup plus productive grâce à la disparition des pesticides et aux multiples semences qui poussent sur les champs.
Les conséquences en termes d'emplois ont été très bénéfiques durant ces 35 dernières années, 2.9% de la population était paysanne soit 870.000 en 2015. Nous sommes revenus à des niveaux plus normaux, grâce à la consommation locale et aux changements des consommateurs avec désormais 8% de la population qui est agricole, soit 2,4 millions d'agriculteurs. Ce chiffre tranche encore avec les 40% de sortie de guerre en 1945, mais nous permet d'avoir un taux de chômage de 3%.
Ces dernières années ont été compliquées pour de nombreux acteurs du XXe siècle de l'économie traditionnelle, qui s'est orientée vers un monde plus durable et responsable. C'est ainsi que jadis de grandes marques comme Mars, Coca-Cola, Nespresso, etc, n'ont pas su s'adapter à cette nouvelle logique et ont également disparu. Les entreprises ont eu à s'adapter par rapport à la taxe sur le CO², votée sur les recommandations communes de l'ONU et de l'OMC, poussée par le GIEC et la société civile qui avaient recueilli une pétition de 100 millions de signatures. Ceci avait forcé les gouvernements à changer leur position et à agir en 2022. L'évolution sur la taxe sur le CO² a fait passer la taxe à 1000$ la tonne. Danone a saisi cette opportunité pour relocaliser massivement ses usines de productions, ce qui a permis de créer des milliers d'emplois supplémentaires et a poussé vers des produits plus qualitatifs avec de meilleures matières premières.
Nous avons ainsi aujourd'hui, un monde qui est plus sain, plus responsable et bien que nous ayons baissé de plus de 70% nos consommations globales de CO² par rapport au protocole de Kyoto de 1988, il reste encore du chemin pour atteindre le 0 absolu, fixé par la Convention sur le climat décidée en 2044 pour 2070. Selon les experts du GIEC la hausse des températures globale sera finalement limitée à 1,5° en 2100, mais nous ressentons déjà les effets dans plusieurs grandes villes telles que New York, Amsterdam, Tokyo, Londres, Miami.
Ainsi l'évolution de nos modes de consommation a eu un réel impact sur la société et sur la manière de concevoir la politique qui a su écouter la société civile pour aller vers un monde plus durable. On félicite encore les initiatives comme Marchands des 4 saisons qui ont contribué à ces évolutions.
Communiqué fourni par l'enseigne