YellowKorner présente Alastair Magnaldo : « Il était une fois »
Alastair Magnaldo a dix ans lorsqu’il commence à s’intéresser à la photographie. Il est alors captivé par le rendu tout en lumière des tirages noir et blanc. Il s’essaie un temps à sa pratique mais, peu satisfait du résultat, il entreprend des études scientifiques. Il obtient son doctorat et devient ingénieur en physico-chimie. Vers l’an 2000, Magnaldo fait l’acquisition d’un matériel de pointe et reprend la photographie. Sa formation transparaît dans ses œuvres et il a une approche expérimentale. Il décide que seule une excellente maîtrise des outils lui permettra de s’affranchir de la technique qui lui a valu tant de difficultés à ses débuts.
Magnaldo conçoit ses photographies comme des tableaux. Il note ses idées sous forme de croquis très approximatifs mais il a déjà une idée de l’ambiance et de la lumière. Il construit ses scènes avec patience. Il consacre énormément de temps à la composition. La recherche et la création des scènes, la sélection des objets, leur placement et interaction représentent un travail de préparation important. Toutes les scènes de paysages sont ensuite montées en panoramique par assemblage manuel. Il effectue, si nécessaire, un travail de mise en scène dans son studio ou plus souvent sur le terrain. Le photographe aime créer le doute chez le spectateur. Certaines de ses photographies sont réalisées en photomontage, d’autres, non. Il n'y a pas de frontière nette entre l’assemblage et la mise en scène. Ses réalisations sont un véritable mélange des deux. C’est pourquoi il les définit comme des estampes numériques et non comme des photographies.
Les photographies d’Alastair Magnaldo représentent des mises en scène du monde de l’enfance : « Ce qui m’intéresse, c’est la fausse naïveté des enfants et leur regard libre sur le monde. Ce sont des regards qui sont happés ensuite par la réalité de la vie ». Faisant fi des lois de la physique et de toute logique en général, l’artiste fabrique un univers inspiré des rêves et des désirs des enfants. Alors que le thème de l’enfance est immédiatement associé à la gaîté, il émane des travaux de Magnaldo une réelle mélancolie. Le spectateur qui contemple ces photographies prend la mesure de ce qu’il a perdu en passant de l’enfance à l’âge adulte.
Alastair Magnaldo fait de la photographie comme certains écrivent des fables. Il invente un univers et compose ses œuvres comme des tableaux. Non sans rappeler le chef d’œuvre « Alice au Pays des merveilles », Magnaldo nous fait traverser le miroir pour revivre l’onirisme de l’enfance. Mais la mélancolie prend le pas sur la magie et c’est aussi d’un paradis à jamais perdu dont le photographe nous parle.