YellowKorner présente Jörg Dickmann « Hong Kong, entre tradition et modernité »
L'architecture de Hong Kong est profondément influencée par l'affût massif de travailleurs émigrés venus du monde entier. De nombreux territoires ont été conquis sur la mer pour accueillir une population toujours plus nombreuse et les gratte-ciel sont devenus une composante identitaire de la région. Depuis des siècles, les Chinois se réfèrent au Feng Shui pour concevoir leurs cités. Aujourd'hui encore, le respect des règles Feng Shui guide la construction des bâtiments. Le choix d'un emplacement et la forme d'un bâtiment peuvent faire l'objet d'un long débat au sein de la population. Ainsi, la construction de la Tour de la Banque of China suscite de vives réactions. Le gratte-ciel est le seul édifice majeur pour la conception duquel les maîtres du Feng Shui n'ont pas été consultés. Les arêtes vives ainsi que le « X » répété sur la structure métallique ont déplu au point d'inciter certains à ouvrir un compte dans une banque concurrente. On le voit, si Hong Kong est une mégalopole moderne, phare du capitalisme, la tradition ancestrale prévaut sur l'originalité architecturale. Ainsi, si l'île de Hong Kong et la région de Kowloon rivalisent entre elles pour affirmer leur suprématie, les deux territoires se plient pour autant aux règles Feng Shui et respectent les contraintes environnementales. Le Feng Shui enjoint à ne pas construire au-delà du plus haut sommet du relief naturel. C'est donc à Kowloon que l'on trouve le plus haut building, l'International Commerce Center.
Dans cette guerre bon enfant, l'île de Hong Kong ne s'avoue pas vaincue et remporte les suffrages sur un tout autre terrain. Dans une mise en scène multimédia grandiose, chaque soir à vingt heures, quarante-sept gratte-ciel se répondent des deux rives du Victoria Harbour. La « Symphony of Lights » est considérée comme le plus grand spectacle de sons et lumières permanent au monde. C'est depuis l'Avenue des Stars à Kowloon que s'offre à la vue le meilleur de ce spectacle. De l'autre côté de la rive, l'île de Hong Kong et sa skyline illuminée supplante sa rivale dans cette compétition symbolique que se livrent les deux territoires.
Pour sa série hongkongaise, Jörg Dickmann reste fidèle aux prises de vues nocturnes et au numérique en très haute définition qui définissent son style. Au-delà de l'architecture qui est l'essence même de Hong Kong, le photographe prend pour sujet l'éclairage urbain. Dans une même photographie, il met en évidence l'ultra modernité de la mégalopole contrebalancée par le respect des règles Feng Shui qui régit les constructions.