Dossiers de la franchise
Comment la Banque évalue une demande de prêt
COMMENT LA BANQUE EVALUE UNE DEMANDE DE PRET
Le projet est stabilisé. Avec ses conseils et son franchiseur le candidat à la franchise a élaboré le business plan et les comptes prévisionnels de son projet. Avant de rencontrer les banques, de déposer une demande de prêt et de négocier, il convient de savoir comment elles travaillent et quelles sont leurs contraintes.
Le crédit
L'une des activités principales des établissements financiers est le crédit. Les banques ont de l'argent à prêter mais il est difficile d'emprunter. Pourquoi ?
Parce que les banques sont de plus en plus exigeantes sur les qualités des dossiers qu'elles financent. Elles cherchent toutes de bons dossiers c'est-à-dire des dossiers sans risque ou à risque parfaitement maîtrisé.
Quand une banque prête de l'argent elle assume un risque appelé risque de crédit. Le risque de crédit est le principal risque contenu dans le bilan d'une banque généraliste. En effet, il consomme en moyenne les ¾ des fonds propres réglementaires.
Quel est le risque de la banque ?
Un crédit se clôture de deux façons : le remboursement intégral par l'emprunteur dans les conditions convenues ou bien le contentieux.
Le contentieux signifie que le débiteur ne peut pas rembourser sa dette (risque de perte en capital) ou bien la rembourse avec un décalage par rapport au calendrier prévu ce qui oblige le banquier à se refinancer pendant cette période (risque d'immobilisation des fonds).
L'analyse du risque de défaillance de l'emprunteur à laquelle procède toute banque préalablement à l'octroi d'un crédit, vise donc à déterminer le risque d'occurrence d'un recouvrement difficile ou impossible.
Le montage du dossier
Dès que la demande de prêt est déposée, le banquier est soumis à la nécessité de prendre position dans un délai convenu.
Il est alors conduit à collecter un grand nombre d'informations d'origines variées. Toute information permettant d'affiner le jugement sera recherchée.
D'abord par la rencontre avec le client et l'examen des documents prévisionnels et ensuite par l'examen des informations publiques ou privées disponibles permettant de confirmer les informations avancées (notamment des études sectorielles).
La qualité du business plan est bien sur déterminante. Les perspectives économiques du projet et les dimensions managériales du dirigeant sont soigneusement examinées de même que les références du franchiseur.
Le banquier consulte habituellement différentes bases de données en particulier le fichier bancaire des entreprises(FIBEN) qui contient entre autres la cotation Banque de France qui concerne aussi bien les entreprise que les dirigeants.
Le risque de liquidité
Pour la banque, les perspectives de remboursement de crédit sont liées à la santé économique et financière de l'emprunteur.
La banque cherchera donc à déterminer la capacité de remboursement et la capacité d'endettement de l'emprunteur et aussi les risques qui pèsent sur l'entreprise pour en extrapoler le sien.
Un problème de recouvrement est toujours issu d'une insuffisance de liquidités. L'illiquidité de l'entreprise correspond à son incapacité à dégager suffisamment de fonds dans le cadre de son exploitation ce qui la met dans l'impossibilité de faire face à ses échéances.
Il est donc primordial de bien cerner le risque de liquidité qui provient essentiellement du niveau d'incertitude quant au bénéfice d'exploitation.
Analyse de la structure, de la performance et détection du risque
Toute entreprise est confrontée à un risque attaché à la réalisation d'un certain niveau d'activité et donc d'un revenu sous forme de flux de liquidités, c'est le risque économique.
Lorsque l'entreprise se finance par des emprunts un autre risque apparaît, le risque financier, car l'endettement génère des charges financières fixes. L'entreprise devra dégager des fonds d'un montant suffisant et à date fixe pour honorer ses engagements. Or la disponibilité de ces fonds est elle-même soumise au risque économique.
Le risque financier correspond donc à l'incertitude à tenir les engagements de remboursement d'emprunts. Le risque financier est un risque qui varie en fonction de la façon dont est financée l'entreprise car plus l'entreprise est endettée, plus le risque financier est élevé.
Le diagnostic financier de l'entreprise est donc établi par l'analyse des trois dimensions de la situation financière de l'entreprise : liquidité, rentabilité et structure financière.
En ce qui concerne la capacité de remboursement c'est à dire la capacité de l'emprunteur à couvrir ses charges financières, le ratio
- Capacité d'Autofinancement /Frais Financiers + Annuité de Remboursement
est un indicateur classique. Les banquiers considèrent souvent qu'il ne devrait pas être inférieur à 2.
Le risque financier est aussi apprécié par la valeur du Ratio d'indépendance financière : - Capitaux propres/Dettes à Long et Moyen Terme
Un ratio égal à 1 est de nature à sécuriser le banquier. Un ratio faible est le signe d'un endettement important est donc d'un risque financier significatif.
En ce qui concerne la capacité d'endettement les banques considèrent généralement que le niveau d'endettement ne doit pas dépasser un montant de quatre années de capacité d'autofinancement.
Le risque financier sera aussi évalué par comparaison avec des sociétés soumises à des risques économiques identiques ou appartenant au même secteur d'activité (analyse comparative).
Enfin la banque procédera, en fonction de ses procédures internes, à d'autres travaux, analyse de solvabilité de votre affaire c'est-à-dire sa capacité à rembourser sa dette non plus dans le cadre de son exploitation prévisionnelle mais de sa liquidation, credit-scoring ou systèmes experts.
L'accord de prêt
La décision d'accorder ou non le crédit sera prise par le banquier, généralement assisté par un comité, en regard de la politique de risque et des objectifs de rentabilité de la banque mais aussi en fonction d'aspects commerciaux comme la volonté de gagner ou de conserver un client ou de prendre pied dans un secteur d'activité particulier.
Le contrat de prêt
Le contrat de prêt prévoit souvent des dispositions réductrices de risque pour le banquier sous formes de garanties de différentes natures justifiées par le fait qu'une mauvaise appréciation du risque est toujours possible et qu'un accident peut survenir.
Le premier niveau de garanties dans le cadre d'une création d'entreprise est celui fourni par des organismes spécialisés notamment le fonds de garantie Sofaris de la BDPME. Si le projet respecte les critères requis la Sofaris cautionne jusqu'à 70 % des capitaux empruntés. Le coût pour l'emprunteur est 0,90 % l'an du capital restant dû.
En partageant le risque avec le prêteur la Sofaris lui permet non seulement de limiter son risque mais aussi de dégager une capacité de financement supplémentaire. Dans ce cadre la banque ne prend pas d'hypothèque sur la résidence principale de l'emprunteur et limite généralement la caution personnelle demandée à la partie du prêt non garantie par la Sofaris.
Toutefois la banque peut solliciter des garanties réelles (hypothèques, gages et nantissements) et personnelles (cautions, garanties à première demande, lettres d'intention). La prise de garanties sur des biens ayant une valeur marchande permettra à la banque de recouvrer une fraction ou la totalité de ses ressources en cas de défaillance de l'emprunteur.
Le contrat de prêt peut aussi prévoir des conditions visant à empêcher l'accroissement du risque sous forme d'engagements à faire ou ne pas faire de la part de l'entreprise.
Conclusion
Le financement d'entreprise est un exercice risqué mais encore plus lorsqu'il s'agit de création car le banquier dispose de beaucoup moins d'informations pour établir son jugement que dans le cas d'entreprises existantes.
Un certain nombre de ses outils habituels d'analyse sont inopérants (analyse tendancielle c'est-à-dire sur plusieurs exercices) et il ne peut se fier qu'à des prévisionnels dont il sait par expérience qu'ils sont souvent trop optimistes.
Cependant le candidat à la franchise appartient à un réseau qui a un historique. D'autres avant lui ont démarré une activité identique sous la même enseigne. Leur réussite sera de nature à servir de référence à la banque.
par Pascal Lambert
Docteur en Sciences de Gestion
Directeur associé de DMS, cabinet conseil en Franchise
www.conseil-franchise.com
Marie Oppeneau est rédactrice pour le site Observatoire de la Franchise depuis plus de 7 ans. Son intérêt pour la franchise et l'entrepreneuriat l'a naturellement amenée à se spécialiser dans ces domaines. Elle participe activement à la rédaction de nos différents contenus, apportant son expertise pour proposer des articles clairs et adaptés. Son travail permet de tenir nos lecteurs informés des dernières tendances et de mieux comprendre l'actualité du secteur.
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