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Choisir le Bio pour créer en franchise

Comment se partage le marché des aliments biologiques à l’heure actuelle, entre les grandes surfaces et les magasins spécialisés ? Quel est l’avenir de cette filière en France ? Est-elle encore source d’opportunités pour des créateurs d’entreprise ? Isabelle Senand, Directrice à l’Institut Xerfi et auteur d’une récente étude intitulée « Les Aliments Biologiques à l’épreuve de la Consommation Engagée » a répondu à toutes nos questions sur le sujet.

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Rodolphe Hatchadourian : Commençons par quelques chiffres… Quelle a été l’évolution du marché du Bio en terme de chiffre d’affaires en France ces dernières années ?

Isabelle Senand : En 2010, 47% du marché du Bio provenait des GMS (Grandes et Moyennes Surfaces), ce qui marque une forte croissance pour ce type de commerce, de l’ordre de 8 points par rapport à 2005 (39% à l’époque). Les parts de marché des réseaux et des petites chaînes spécialisées (type Biocoop, etc…) sont restées stables, à respectivement 25% et 36% du total. On constate en revanche une érosion des ventes directes, qui sont passées de 18% il y a 5 ans à 12% en 2010, et idem pour les indépendants (de 15% à 11%). Ces derniers sont d’ailleurs de moins en moins nombreux, car ils préfèrent rejoindre des enseignes connues, afin de bénéficier de leur notoriété et des prix négociés par une centrale d’achat.

Rodolphe Hatchadourian : Comment expliquez-vous le relatif ralentissement que connait le marché des produits biologiques ces derniers temps, après la croissance à deux chiffres du secteur des années précédentes ?

Isabelle Senand : Nous ne disposons pas encore des chiffres définitifs pour l’ensemble de l’année 2011, mais il est vrai que d’ores et déjà, les premiers indicateurs montrent qu’après un bon début d’année, le chiffre d’affaires du bio a légèrement régressé au second semestre. Il est vraisemblable que ce mouvement baissier se poursuivra en 2012, en raison de la baisse du pouvoir d’achat des Français, qui leur font opter pour des produits meilleur marché.
De plus, des tendances nouvelles se dessinent qui prennent des parts de marché aux aliments bio dits traditionnels. Il s’agit notamment de l’offre locavore, qui privilégie les produits locaux (es fameux « made in France »), faisant de la composante Bio un second élément de choix.

Rodolphe Hatchadourian : Quand la grande distribution est-elle arrivée sur le marché du bio ?
Isabelle Senand : Choisir le Bio pour créer en franchiseS’il est difficile de dater précisément cette arrivée, on sait en revanche que c’est dans les années 90 que les grandes chaînes nationales ont développé les premières Marques de Distributeurs estampillées Bio. Ainsi, Monoprix a lancé sa marque dès 1990, bientôt imité par l’ensemble de ses concurrents. Aujourd’hui, un groupe come Système U propose 300 références Bio sous sa marque, et Carrefour en affiche quelque 800, que ce soit dans l’alimentaire ou dans les produits périphériques (entretien, soins…).

Rodolphe Hatchadourian : Est-ce un effet de mode ou un mouvement pérenne ?

Isabelle Senand : Au bout de 10 ans de succès grandissant, je pense qu’on a dépassé le simple effet de mode et qu’on peut parler en effet de pérennité pour le secteur du Bio, qui reste cependant soumis aux aléas économiques, comme on a pu le constater récemment chez nos voisins d’Outre-Manche, où le marché connait une baisse depuis la fin des années 2000.

Rodolphe Hatchadourian : Comment les grandes enseignes parviennent-elles à concilier l’exigence de qualité des aliments biologiques avec leur recherche des prix les plus bas pour attirer les consommateurs ?

Isabelle Senand : On constate dans les grandes surfaces la multiplication d’opérations spéciales et promotionnelles autour du Bio, avec par exemple en 2011 les « Produits Bio à 1 euro » d’Auchan. S’il existe une réelle volonté de démocratiser le bio, il faut prendre garde ne pas aller trop loin dans ce sens, car le public associe, parfois à juste titre, les prix bas à une perte de qualité. Les grands groupes sont donc confrontés à des dilemmes, mais leur base de clientèle leur permet de faire des tests et d’analyser les réponses des consommateurs, afin de définir les prix les plus justes pour chaque catégorie de produits.

Rodolphe Hatchadourian : La notion de « Made in France » défendue par la plupart des candidats à l’élection présidentielle conduira-t-elle à favoriser les aliments produits sur le sol français ? En d’autres termes, des aliments importés peuvent-ils être labellisés « Bio » selon vous ?

Isabelle Senand : Sur le plan légal, des aliments Bio peuvent bien évidemment être produits et importés de n’importe quel pays du monde, mais les consommateurs puristes peuvent être échaudés par le problème de la pollution et du coût du transport, désormais mesurés précisément en termes de bilan carbone.

Choisir le Bio pour créer en franchiseRodolphe Hatchadourian : Quelles sont les familles de produits qui fonctionnent le mieux, et peut-on s’attendre à des innovations sur le marché du bio dans les années à venir ?

Isabelle Senand : On constate des ventes en hausse sur les produits transformés (Traiteur, poissonnerie…), les consommateurs étant attirés par les nouveautés constantes dans ces gammes qui sont mises en avant par les grandes surfaces et bénéficient d’un fort budget marketing, car elles dégagent plus de marges que les aliments traditionnels (Farine, œufs…).

Rodolphe Hatchadourian : Il existe de nombreuses chaînes de magasins bio en France (Biocoop, l’Eau Vive…). Le marché est-il arrivé à maturité ou bien y a-t-il de la place pour de nouveaux entrants ?

Isabelle Senand : En ce début d’année 2012, le marché est encore en phase de consolidation et il continue de se structurer. Les ouvertures de points de vente de toutes marques et de toutes surfaces se succèdent dans toute la France et régulièrement, de nouvelles chaînes sont lancées, comme Biostore en 2009, qui compte 4 magasins en Ile de France et en Picardie, ou bien Bio c' Bon, dont on dénombre une douzaine d’unités sur Paris et sa proche banlieue.
Du côté des grands distributeurs, Leclerc est en phase de lancement d’un supermarché dédié au Bio, de même qu’Auchan avec son concept Cœur de Nature, dont le premier point de vente ouvrira a printemps à Brétigny, dans l’Essonne, sur une surface de 1.000 m².

On estime qu’en 2012, malgré un ralentissement du à une baisse du pouvoir d’achat et à une concurrence exacerbée entre les enseignes, le chiffre d’affaires du marché du Bio passera la barre des 10% (selon l’Agence Bio). Et l’Institut Xerfi estime qu’à l’horizon 2015, les GSA (Grandes Surface Alimentaires) détiendront plus de 50% du marché, de quoi inciter de nombreux indépendants à passer sous enseigne, et donner envie à des créateurs d’entreprise de se lancer sur ce secteur d’avenir.

Deux chaînes Bio qui se développent en France :

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