Vers une américanisation du marché de la restauration en France ?

La France est vraiment un pays atypique sur le plan de l’évolution de sa restauration. Entre 1979 l’arrivée de Mc Donald’s à Strasbourg et l’arrivée de concepts nourritures saines et fraiches type Cojean, Exki ou Jour, on ne peut pas dire qu’il ne soit pas passé grand-chose. Tout de suite après l’arrivée de Mc Donald’s, Brioche Dorée, Paul et consorts arrivent au début des années 80 et la France vit avec un hamburger et un  sandwich pendant plus de 20 ans. Plutôt fast-food malbouffe,  cette forme de restauration est diabolisée par la restauration dite traditionnelle.

Durant cette même période de nombreux concepts américains se cassent le nez dans l’hexagone et plient bagages relativement rapidement : Chili’s, Chichis, Planet Hollywood, City Rock café, TGI Friday, Hard Rock café, et le célébrissime Burger King. Même si ce dernier fermant ses 45 unités en 97 avait prétexté qu’il n’y avait pas de place pour 3 acteurs du segment hamburger.

Une montée en gamme de la restauration rapide

Depuis 2001 la France passe de 2 produits en restauration rapide à 34 en 2013 ! Même les américains n’ont pas autant de produits. Alors que s’est-il passé ?

Tout simplement un détonateur qui se nomme Alain Cojean qui en 2001 décide de se lancer dans une restauration rapide plus saine, plus bio, plus fraîche, plus féminine et plus…chère Cela donne évidemment des idées à beaucoup d’acteurs qui se disent effectivement que ce n’est pas parce que les gens sont pressés qu’il faut leur donner à manger n’importe quoi.

​Et c’est d’une part le début de la montée en gamme de la restauration rapide mais aussi le développement extraordinaire des produits de restauration rapide : wok, sushi, pâtes, bagels, bretzels, cafés, glaces, jus, …

Mc Donald’s montre la voie

Même Mc Donald’s dès 2004 décide de monter en gamme en francisant son offre avec ses macarons, croissants, tartes au citron, baguette, service à table etc…Les américains ou autres anglo-saxons  assistent à la mutation de la France et décident de retenter l’aventure 15 ans plus tard, voyant que les Français étaient prêts pour une restauration rapide de haute qualité. Mais ceux qui tentent désormais l’aventure depuis 2010 ne sont pas les mêmes que ceux de l’époque fast food malbouffe.

Retour de Burger King, arrivée de Brugger’s, PitaPit…

Il s’agit cette fois de Brugger’s, Pitapit, Costa, ou de Burger King. Sans parler de Shake Shack , Steak & Shake ou Five Guys qui constatent que la France aime le burger et plutôt le burger haut de gamme. Est-ce que cela signifie que la France s’américanise ? Franchement je ne pense pas. La France est de plus en plus pressée mais toujours aussi gourmet et la crise aidant à dépenser mieux ou moins, le tour est joué pour accepter une restauration rapide de très haute qualité, fabriquée de plus en plus à la minute et devant le client à des prix plutôt abordables. Des concepts comme Boco, Pep’s, Pegast, ou comme Bontà, Via Roma, Di Loretta ou Fonzarelli nous montrent désormais que tous les produits de masse les uns après les autres montent en gamme, même le burger et le kebab.

Nous sommes aujourd’hui dans une période de mutation profonde de la restauration ou les innovations gagneront, ou les concepts haut de gamme étrangers vont (re)venir dans l’hexagone, ou les restaurateurs traditionnels vont devoir aussi se mettre à la vente à emporter puisque les restaurateurs rapides tentent le service à table. Bref si nous sommes  dans une période de fortes turbulences, nous sommes aussi dans une période d’opportunités.

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