Dossiers de la franchise
Le Président des Mousquetaires, Didier Duhaupand, parle historique et stratégie
A la tête du Groupement des Mousquetaires depuis 2016, Didier Duhaupand a remplacé à ce poste Jean-Pierre Meunier. Le Président a confié, à l’occasion des Rencontres du Commerce Associé 2019, comment il voit le futur du monde marchand, en pleine évolution, particulièrement dans le domaine de la grande distribution.
Le Groupement des Mousquetaires en forme
Alors que la distribution alimentaire est assez chahutée à la fois dans les chiffres d’affaires et dans les résultats boursiers, le Groupement des Mousquetaires semble échapper aux turbulences actuelles, comme le prouve les 45 milliards de CA enregistrés sur le dernier exercice, ce qui équivaut à une hausse de 6% hors carburant et +7% en incluant les ventes de pétrole.
Mais comment l’aventure des Mousquetaires a-t-elle débuté ? En réalité, le fondateur de la marque était au départ associé à Edouard Leclerc et ils ont ouvert leur premier magasin ensemble à la fin des années 50. Après des débuts positifs, les deux entrepreneurs se séparent en raison de divergences stratégiques : « Là où Edouard Leclerc souhaitait impulser les décisions à partir d’une direction forte et identifiée, Jean-Paul Le Roch préférait quant à lui préserver l’indépendance de ses adhérents, mettant en place une instance chargée de recueillir leurs décisions » indique Didier Duhaupand.
Nous sommes alors en 1969 et la séparation oblige les responsables de magasins à choisir leur camp…et les deux marques finiront par connaître un large succès, qui ne se dément pas aujourd’hui.
Un modèle qui a fait ses preuves
Les Mousquetaires ont inventé ce qu’on appelle le tiers-temps : il s’agit d’un modèle où les propriétaires sont indépendants, mais investissent tous ensemble pour faire évoluer le groupe. Cela permet, au fil des années, de créer des entrepôts et de se lancer dans l’industrie agro-alimentaire. Le résultat ? Une traçabilité des produits sans équivalent sur le marché, puisque les Mousquetaires produisent eux-mêmes des filières dédiées à la viande avec leur propres abattoirs, et aux poissons, avec une flotte de bateaux de pêche exclusive, qui livrent directement les Intermarché partout dans l’Hexagone.
Didier Duhaupand se souvient tout de même d’un épisode délicat, survenu en 1986, lorsque le poids de 25 adhérents a commencé à peser trop lourd, déséquilibrant la direction du groupe. « Il nous a alors fallu réformer notre gouvernance et nous avons décidé d’attribuer à chacun de nos directeurs de magasin une voix, sans prendre en compte leur importance économique » précise-t-il. Dans le même temps, des cessions d’actions ont été réalisées, parfois dans la douleur, afin d’assainir le réseau, qui est reparti de plus belle.
Le prix au centre de toutes les préoccupations
A partir des années 80, le Groupement des Mousquetaires, et notamment ses marques Intermarché et Netto, se sont demandé comment rassurer les consommateurs et comment leur faciliter les comparaisons entre marques et entre enseignes différentes. La solution ? « Un affichage obligatoire du prix au kilo ou au litre, en dépit de l’opposition de certains fournisseurs, habitués à jouer l’opacité pour accroître les marges » se remémore Didier Duhaupand. Mais le groupement a tenu bon et bien lui en a pris, d’autant que quelques années plus tard, cet étiquetage est devenu une loi gravée dans le marbre et désormais appliquée dans l’ensemble du pays.
Aujourd’hui, c’est une concurrence exacerbée et la montée d’Internet qui représentent des menaces pour le modèle vertueux d’Intermarché, mais Didier Duhaupand se montre très confiant, car son groupe partage sa stratégie entre tous les adhérents, ce qui permet de mettre en lumière des initiatives locales et de les diffuser au plan national une fois validées. « Le point central demeure la capacité d’innovation de nos adhérents et celle-ci n’a jamais été prise en défaut » conclut le PDG dans un sourire.
Une dizaine de marques pour un portefeuille en croissance
Au fil des années, le Groupement des Mousquetaires a étendu son portefeuille de marques, tout en restant cohérent.
L’enseigne regroupe aujourd’hui 3 000 chefs d’entreprise qui emploient 150 000 personnes en Europe, pour des marques d’alimentaire (Intermarché, Netto), de restauration (Poivre Rouge), de bricolage (Bricomarché, Brico Cash, Bricorama) et dans l’automobile avec les centres auto Roady, rejoints en 2018 par les réseaux Rapid Pare-Brise et American Car Wash.
Autant d’enseignes à la recherche de candidats aux profils de managers, qui sont formés au métier par le groupement et suivis de près par des adhérents solidaires.
Les propos de Didier Duhaupand ont été recueillis lors des Rencontres du Commerce Associé, le 14 mai 2019 à Paris.
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